S'il y a un sujet qui créé en général la polémique en station de sports d'hiver, c'est bien celui la. prononcer le mot groupe en station et les regards se font suspicieux. C'est vrai que la gestion d'un groupe ( jeunes en général ) est compliquée. On doit gérer bien souvent, quand on accueille un ou des groupes, des désordres de tout ordre, des problèmes de comportement et bien sur des problèmes de bruit.
Les hébergeurs sont bien souvent amenés à arbitrer entre, d'une part la nécessité d'avoir un bon de taux de fréquentation pour assurer un loyer garanti à des propriétaires (très exigeants au niveau des loyers), et leur légitime souhait d'avoir à gérer le minimum de problèmes de voisinage.
Quand un hébergeur a la chance d'avoir un parc immobilier de qualité, il va de soit qu'il va privilégier l'accueil de clients individuels. Que dire à un client locataire qui vient se plaindre du bruit engendré par un groupe de jeunes qui rentrent à 3 H 00 du matin, passablement émêchés ?
Bien sur que ce client a raison de se plaindre. Et un hébergeur doit prendre immédiatement des mesures.
Concentrer les groupes dans une même résidence n'est certainement pas la solution. Quel valeur aura un appartement dans une résidence ou la fréquentation est assurée par des groupes.
Ne pas accueillir de groupes, certaines stations ont fait ce choix... Depuis elles ont changé d'avis.
Je crois que la solution passe par la communication et l'organisation. D'abord expliquer à l'arrivée des groupes qu'une station de skis est un endroit effectivement pour faire la fête, mais qu'il y a des établissements faits pour cela.
Ces mêmes établissements doivent se charger de raccompagner les clients jusqu'à leur domicile.
De leur côté, Les hébergeurs se doivent d'être très précis sur les conditions d'organisation du séjour : expliquer la vie en copropriété et les sanctions qui peuvent être prises.
Les institutionnelles de la station (mairie, office du tourisme, gendrrmerie ) doivent également favoriser le relationnel avec ces groupes, et être présents sur le terrain.
Les organisateurs du séjour doivent de leur côté prendre toutes les mesures d'encadrement de ces groupes : présence de guide confirmé, équipe d'accompagnement en fin de soirée.
la cohabitation n'est pas toujours facile. Mais c'est par le dialogue que l'on trouve des solutions.
Le mot "groupe" semble en effet être une insulte aux oreilles de nombreux acteurs des stations, alors qu'il s'agit en effet simplement bien souvent d'un regroupement d'individuels. On confond même souvent "groupes" et "tour-opérateurs", c'est dire l'ignorance généralisée de certains acteurs socio-professionnels, bien souvent des commerçants peu au fait de la commercialisation de leur station.
Un "vrai" groupe accepte très rarement d'être réparti dans plusieurs résidences éloignées les unes des autres, d'où la difficulté pour des agences immobilières de les satisfaire. D'où également le succès des résidences de tourisme.
Je ne connais pas de stations refusant les groupes, hormis celles qui n'en ont pas la capacité en termes d'hébergement, comme Courchevel 1850 ou Megève. Les acteurs de val Thorens, à l'inverse, ont souhaité il y a quelques années faire fuir certains groupes de jeunes peu disciplinés et très mal encadrés (Français, Belges ou Scandinaves, Hollandais ou Allemands). Pour les remplacer, il a fallu engager plus d'efforts commerciaux pour faire venir d'autres groupes (ski-clubs, comités d'entreprise, individuels regroupés, etc.). Cela a été une réussite, puisque si le chiffre d'affaires des remontées mécaniques et de certains commerces a légèrement baissé, la station y a gagné en tranquillité et en qualité de vie, aussi bien pour les touristes que pour les résidents. Saluons là le courage de la Setam qui a su prendre des risques au détriment de ses recettes.
Les groupes sont et ont toujours été indispensables au remplissage des stations en basse saison. Sachons les choisir et bien les recevoir afin que tout le monde s'y retrouve, clients comme acteurs des stations.
Rédigé par : Eric | 30 décembre 2006 à 19:55
La relation des stations de ski et des groupes reste effectivement la chose la plus difficile à gérer et sans doute la plus ambiguë.
Il est un point qui n’apparaît pas dans l’énumération des raisons qui font que toutes les stations sont aujourd’hui obligées d’accepter des groupes : la rentabilisation de remontées mécaniques toujours plus coûteuses.
Pour avoir eu à gérer quelques-uns des plus gros groupes du marché, je suis intimement convaincu qu’il est illusoire d’envisager un jour arriver à canaliser les comportements dérangeants d’un groupe. Sans renvoyer aux écrits sur le comportement des groupes (ou masses, ou foules selon les écrivains), il est un élément qu’on ne doit pas oublier : Par définition, une foule ne peut être dirigée ou contrôlée par le discours et la réflexion. Elle réagit à des stimuli simples émotionnels. Ces stimuli peuvent très bien avoir pour origine un individu isolé, mais l’expérience m’a amené à penser que dans le cas des séjours au ski, ces stimuli sont contenus dans le séjour en lui même, et dans ce que les participants en attendent : ski, montagne, glisse (comme tous), mais surtout fête, soirée, alcool, camaraderie, etc….
Il sera donc toujours illusoire de penser canaliser à 100% un groupe, quel qu’il soit. Les pistes évoquées ici ont montrées leur efficacité dans la gestion de gros groupes ayant pour objet la fête plutôt que le ski.
Si le changement dans la commercialisation de Val Thorens fût exemplaire, il serait naïf de penser que toutes les stations peuvent se permettre une telle démarche de refus de groupes au profit d' individuels regroupés.
Reste donc une piste non explorée : l’implication des sociétés de remontées mécaniques dans la gestion des groupes par les hébergeurs.
Nous avons vu que ces dernières avaient un énorme intérêt à accepter des groupes, car ceux ci viennent généralement durant des semaines creuses, voire fort creuses, et en nombre.
Ne serait il pas possible d’envisager de réunir tous les acteurs de la venue de groupe en station (OT, Remontées Mécaniques, Tour Operators, hébergeurs) afin d’envisager de dédier une ou plusieurs résidences aux groupes, avec implication financière des Remontées Mécaniques dans l’entretien de celle ci, l’amélioration de la cohabitation en station par la dévalorisation d’hébergements dédiés bénéficiant en effet surtout aux institutionnels.
Le débat n’est pas nouveau, mais nous le voyons, toujours d’actualité.
Rédigé par : Nicolas | 01 janvier 2007 à 14:59
Rares sont en effet les stations qui, aujourd'hui, peuvent se permettre de "sélectionner" leur clientèle, en dehors du facteur prix. Il faut plus que du courage ou de l'inconscience, il faut ce brin d'optimisme et de confiance en son produit qui permet d'oser. Oser prendre le risque de perdre une partie de son chiffre d'affaires pour éviter les débordements que Val Thorens a connus au tournant du siècle. Le pari n'est pas encore gagné, mais il est en voie de l'être.
Les stimulis basés sur la fête et l'alcool sont effectivement le moteur d'une catégorie de clients plutôt jeunes, qui se conçoivent plus comme faisant partie d'une tribu (sic)que comme individu. Le passage à l'état adulte responsable, souvent lié à la création d'un foyer familial, entraîne un changement comportemental radical, et le rejet immédiat et irréversible de tout un passé d'excès. C'est pourquoi les Scandinaves, par exemple, si empressés de déverser en France leurs excès de jeunesse répréhensibles dans leurs pays d'origine, désertent nos Alpes occidentales dès qu'ils s'assagissent, dédaignant même très rapidement leurs compatriotes à peine plus jeunes qu'eux et au comportement qui n'a rien à envier à celui de leurs aînés ! Et ce pour se délecter de stations autrement paisibles des montagnes autrichiennes ou suisses, voire plus simplement suédoises ou norvégiennes...
Quant à l'implication des sociétés de remontées mécaniques dans l'accueil des groupes, c'est bien ce que font certains exploitants de longue date aux Deux Alpes ou à l'Alpe d'Huez, à Risoul ou Paradiski, et à Val Thorens depuis 2 ans. L'exploitation d'hébergements spécifiques n'est pas toujours possible - est-ce d'ailleurs souhaitable ? - et la volonté politique dans de nombreuses vallées implique un non-engagement des exploitants dans des secteurs concurrentiels, fût-ce au détriment d'une amélioration des services et de l'accueil.
Le problème reste entier, et il fera effectivement débat encore longtemps !
Rédigé par : Eric | 01 janvier 2007 à 18:11
Il s'agit de ne pas oublier dans ce débat l'importance que représentent les groupes pour la clientèle de demain.
Le fait de partir en groupe au plus jeune âge (classe de neige) comme plus tard (entreprises) permet à beaucoup de novices ou débutants d'apprécier pour lea 1ère fois un séjour à la montagne, alors qu'il n'y serai jamais allé dans le cadre familial ou avec des amis.
Etant groupiste depuis 15 ans maintenant, je puis vous assurer que le rôle des groupes dans le recrutement des futurs skieurs individuels est fondamental.
En ce qui concerne le défouloir pour les jeunes, ceci est une question de société en général auquel les stations sont plus fortement confrontées par l'aspect groupe justement et par les infrastructures qui ne sont pas toujours adaptées car l'économie des stations n'est pas construite dans une logique d'accueil de groupes, mais dans une logique de résidence secondaire pour des séjours individuels. Cela se vérifie à tous les niveaux de services d'une station comme pour l'immobilier.
Le client turbulent d'un groupe étudiant aujourd'hui sera peut-être le meilleur client famille de demain.
Ne soyons donc pas hypocrites et court termistes : le conflit d'intérêt économique est autant à court terme sur des prestations comme les remontées qu'à long terme pour renouveler notre clientèle.
La solution ne peut donc résider que dans une solution similaire au développement durable : intégrer des coûts de structure par une volonté politique au départ afin de mieux accueillir les groupes de manière à promouvoir le marché et donner goût aux plus de gens de pratiquer les sports d'hiver.
Rédigé par : mendi | 18 janvier 2007 à 13:38